La réappropriation de l’espace urbain via les jardins partagés au Brésil

La porte d’entrée de la Horta das Corujas, premier jardin partagé de São Paulo, n’est jamais fermée : tous les citoyens peuvent y accéder 24 heures sur 24 © Gustavo Nagib

Claudia Visoni, Agricultrice urbaine et journaliste

Gustavo Nagib, Doctorant en géographie, Université de São Paulo

La recherche universitaire sur l’agriculture urbaine communautaire a identifié le potentiel de cette pratique pour construire un nouveau modèle urbain et promouvoir un meilleur équilibre social et environnemental. Les projets de jardins potagers dans l’espace public favorisent en effet une réflexion plus large autour des initiatives citoyennes locales : ces projets peuvent participer à une démocratisation de la gestion de l’espace urbain et à l’avènement de « villes comestibles » (edible cities), qui deviennent des lieux de production alimentaire à part entière. Cette approche a contribué à l’émergence de nombreux jardins partagés dans les pays développés, mais aussi dans les économies en développement. C’est le cas, à São Paulo, où de nombreux jardins de ce type ont été créés ces dernières années dans le cadre d’une démarche citoyenne de transformation des lieux publics et de la ville.

 

Le mouvement a été initié par les 82 000 membres de la plateforme en ligne Hortelões Urbanos (horticulteurs urbains), destinée à l’origine au partage de conseils de jardinage. En 2012, cette communauté s’est mobilisée pour créer le premier jardin partagé de la plus grande métropole du Brésil, la Horta das Corujas (Jardin des chouettes). Malgré les difficultés rencontrées pour obtenir les autorisations nécessaires et le vide juridique entourant cette utilisation de l’espace public, la Horta das Corujas a pu voir le jour. Aujourd’hui géré par des bénévoles, ce jardin est le symbole d’initiatives collectives innovantes qui visent à démocratiser l’espace public et dépasser les obstacles traditionnels à l’intégration sociale.