Vers une société de la sobriété

Les conditions d'un changement de comportement des consommateurs

Valérie Guillard
Professeur à l’Université Paris-Dauphine

 

L’impact négatif des modes de vie sur l’environnement implique de dépasser l’économie circulaire (réemploi, recyclage, éco-conception) pour des modes de vie plus sobres. La sobriété est un mode de vie qui ne consiste pas uniquement à mieux consommer mais aussi et surtout à moins consommer. Elle se décline autant dans la consommation d’énergie, du numérique que dans celle des objets matériels. S’engager et cheminer dans une démarche de sobriété sont des façons d’être conditionnées par des changements de pratiques de la part du consommateur, unité d’analyse de cet article, et ce, tout au long du processus de consommation (perception et sens du besoin ; produits achetés et lieux d’achat ; usage et non-usage des objets ; dépossession).

Changer ses pratiques de consommation implique de trouver du sens à d’autres façons de faire ce qui conduit à revisiter le - voire remettre du - lien aux objets, à soi et à autrui. La sobriété remet ainsi au cœur du rapport au monde les notions de conscience mais aussi d’efforts et volonté découlant de la remise en cause des normes personnelles et sociales.

Les organisations publiques (collectivités territoriales par exemple) et privées (associations mais aussi entreprises) pourront alors proposer un ensemble de dispositifs, de produits, de services pour redonner aux consommateurs les compétences nécessaires à ce mode de vie (du savoir, savoir-faire, savoir-être) mais aussi le pouvoir faire. La sobriété devra(it) autant être un espace dans lequel se réalisent les consommateurs que les organisations.